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La vie secrète des arbres.. et des entreprises

Tu savais que les arbres ont leur propre vie sociale ? Une vie secrète qui se joue sous nos yeux et qu’on ne voit même pas. Pas besoin d’aller au fin fond de l’Amazonie pour la découvrir, Peter Wohlleben l’a fait pour nous dans La vie secrète des arbres. Et ce qui m’a frappé, c’est à quel point les leçons de cette « société forestière » s’appliquent directement au monde de l’entreprise. Oui, entre ton entreprise et un hêtre centenaire, il y a plus de points communs que tu ne le penses.

Alors que je flânais à l’Odoo Experience, une pile de bouquins sélectionnés par Fabien Pinckaers m’a attiré. Parmi eux, ce livre sur les arbres. Pas très « business » au premier coup d’œil, et pourtant… Quelle claque ! Ce livre m’a ouvert les yeux sur des parallèles incroyables entre la vie des forêts et celle de nos organisations. Voici ce que j’en ai retenu, en vrac, parce que la forêt, c’est pas un truc qui suit des lignes droites.

L’importance de l’écosystème

Dans une forêt, les arbres ne vivent pas seuls. Même les géants, ceux qui s’élèvent fièrement au-dessus de la canopée, ne survivent pas sans le soutien des autres. Ceux qui essaient, ces hêtres qui étouffent leurs congénères pour monopoliser le soleil, peuvent sembler malins à première vue. Mais c’est un leurre. Quand une tempête arrive, ils sont les premiers à tomber. Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas d’écosystème pour les soutenir. Leurs racines sont isolées, incapables de se connecter à celles des autres pour partager les ressources ou s’avertir des dangers. Et ce n’est pas tout : dans "La vie secrète des arbres", Wohlleben explique que ce réseau souterrain, souvent appelé le "Wood Wide Web", est constitué de champignons qui relient les arbres entre eux, leur permettant de communiquer, de partager des nutriments et même de soutenir les plus faibles. L’arbre solitaire n’a aucune chance.

Dans une entreprise, c’est pareil. Le géant qui écrase tout le monde, tu penses qu’il va régner à jamais ? Eh bien non. Sans partenaires, sans alliés, sans réseau, il finit par vaciller. Peter Wohlleben montre que dans la forêt, ce sont les alliances invisibles qui font la différence. De même, dans le monde des affaires, les entreprises qui collaborent, qui soutiennent leur écosystème et s’inscrivent dans des dynamiques d’entraide, créent des synergies qui les rendent résilientes. Elles deviennent capables de mieux affronter les "tempêtes" économiques, les crises, ou les changements soudains. Une entreprise prospère, tout comme une forêt, repose sur un écosystème vivant, diversifié et connecté.

Patience et stratégie des racines

Autre point fascinant dans la vie des arbres : tous ne cherchent pas à grandir vite. Certains adoptent une stratégie bien différente. Plutôt que de s’étirer frénétiquement vers le ciel, ils prennent leur temps. Ils plongent profondément leurs racines dans le sol, explorant, consolidant, et accumulant de l’énergie. Peter Wohlleben décrit comment ces arbres, en investissant dans des fondations solides, se préparent à résister aux épreuves. Ils attendent patiemment leur moment, parfois des années. Mais lorsque leur chance arrive, ils sont prêts. Pas de précipitation. Pas de sprint. Juste la stratégie d’un marathonien déterminé.

Dans l’entreprise, on retrouve le même schéma. Combien d’entreprises se brûlent les ailes en poursuivant une croissance effrénée, sans prendre le temps de bâtir des bases solides ? Trop souvent, elles sacrifient la qualité ou l’équilibre pour atteindre des objectifs à court terme. Mais comme le rappelle la forêt, la patience est une force. Les entreprises qui, à l’image des arbres, prennent le temps de consolider leurs "racines" – que ce soit leur culture d’entreprise, leurs relations clients ou leur expertise interne – sont celles qui durent. Elles prospèrent en restant stables face aux tempêtes, tandis que d’autres, fragiles et mal enracinées, s’effondrent.

La nature nous apprend que ce qui compte, ce n’est pas seulement d’être rapide, mais d’être résilient. Et la résilience se construit dans l’invisible, sous terre, à l’abri des regards, là où les racines font leur travail en silence.

Communication et entraide

Un phénomène fascinant : les arbres communiquent. Oui, tu as bien lu. Ils se parlent, mais à leur manière. Par leurs racines, avec l’aide des champignons du "Wood Wide Web", ils échangent des nutriments, des signaux chimiques, et même des messages d’alerte. Peter Wohlleben raconte que lorsqu’un arbre est attaqué par des insectes, il envoie un signal à ses voisins. Ces derniers réagissent en produisant des toxines pour se protéger, comme s’ils formaient une véritable communauté de survie. Cette entraide n’est pas qu’altruiste : elle renforce l’ensemble de la forêt, augmentant les chances de survie collective.

Dans le monde de l’entreprise, cette leçon est cruciale. Partager l’information, anticiper ensemble, et collaborer face aux défis, c’est ce qui distingue les organisations résilientes. Une entreprise où chaque département travaille en silo, sans communication, ressemble à une forêt où chaque arbre se bat seul pour survivre : fragile et vulnérable. À l’inverse, une organisation qui favorise les échanges d’idées, la transparence, et l’entraide devient plus forte face aux menaces externes.

Comme le dit un adage bien connu : "Seul, on va plus vite, mais ensemble, on va plus loin." Et les arbres nous rappellent qu’il ne s’agit pas seulement d’aller loin, mais aussi de tenir bon, de grandir et de prospérer ensemble, grâce à un réseau d’entraide solide et invisible, mais essentiel.

S’adapter à son environnement

Parlons des graines, ces petites merveilles de la nature. Elles tombent là où le vent, les animaux, ou le hasard les mènent. Aucune maîtrise sur leur point d’atterrissage. Et pourtant, elles s’adaptent. Sol riche ou caillouteux, ombre ou plein soleil, elles trouvent le moyen de pousser avec ce qu’elles ont à disposition. Peter Wohlleben explique comment certaines graines développent des racines capables de pénétrer les sols les plus durs, tandis que d'autres tirent parti de la moindre goutte d'eau pour survivre. Pas de lamentations, pas de regrets, juste une capacité incroyable à composer avec leur environnement.

En entreprise, c’est pareil. On ne choisit pas toujours le contexte dans lequel on évolue. Les marchés bougent, les règles changent, les imprévus s’enchaînent, et les ressources sont souvent limitées. Face à ces réalités, l’adaptabilité n’est pas un luxe, c’est une nécessité. Les entreprises qui réussissent sont celles qui, comme les graines, savent tirer parti des conditions présentes, aussi difficiles soient-elles. Elles innovent, pivotent, et trouvent des opportunités là où d’autres voient des obstacles.

Que tu sois une graine ou un CEO, la clé réside dans cette capacité à s’adapter, à réinventer ton approche en fonction des circonstances. Parce qu’au final, ce n’est pas le plus fort ou le plus rapide qui survit, mais celui qui sait s’ajuster à son environnement, comme nous le rappelle la sagesse de la forêt.

La richesse de la diversité

Un dernier point, mais certainement l’un des plus essentiels : la diversité. Dans une forêt, la monoculture est une fragilité. Lorsqu’une maladie ou un parasite attaque une espèce, c’est toute la forêt qui peut être décimée. Peter Wohlleben explique que les forêts naturelles, en revanche, prospèrent grâce à leur diversité. Chaque espèce d’arbre apporte quelque chose de différent à l’écosystème : certains enrichissent le sol, d’autres abritent des animaux spécifiques, et d’autres encore protègent leurs voisins des vents violents ou des fortes chaleurs. Cette complémentarité est leur force. Si une espèce souffre, les autres prennent le relais, assurant l’équilibre global.

Il en va de même pour une entreprise. La diversité des talents, des compétences, des parcours, et des points de vue est une richesse inestimable. Dans une équipe homogène, tout le monde pense de la même manière, voit les mêmes solutions, et court les mêmes risques. Mais dans une équipe diversifiée, chacun apporte une perspective unique, ce qui permet de mieux anticiper les problèmes, de trouver des solutions plus créatives, et de s’adapter aux imprévus. C’est cette variété qui crée de la résilience.

Wohlleben nous rappelle également que dans une forêt, les arbres de différentes espèces collaborent, échangeant des nutriments ou se protégeant mutuellement, même s’ils sont différents. Une belle métaphore pour les entreprises : la diversité n’est pas une menace, c’est un atout. Et dans les moments difficiles, ce sont ces différences qui font qu’une organisation peut non seulement tenir, mais aussi s’épanouir.

Une inspiration à cultiver

Alors, qu’est-ce qu’on fait de tout ça ? On s’inspire. On observe. On s’enracine dans nos valeurs. Comme les arbres, on construit des bases solides et durables, on bâtit des relations authentiques avec nos partenaires, on prend le temps de bien faire les choses, et on reste flexible pour s’adapter aux imprévus. On cultive la diversité, car c’est elle qui nous rend plus résilients et plus créatifs. Tout, dans la forêt, nous rappelle que l’équilibre est la clé.

Et ce n’est qu’un aperçu. Peter Wohlleben partage bien d’autres exemples fascinants dans La vie secrète des arbres. Des histoires de résilience, de coopération, et même de sagesse collective qui peuvent résonner profondément dans nos vies personnelles et professionnelles. Mais je ne vais pas tout te dévoiler ici. Je te laisse le plaisir de découvrir par toi-même ces trésors cachés en plongeant dans ce livre.

Et toi, dans ta "forêt" d’entreprise, qu’est-ce que tu pourrais apprendre des arbres ?

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