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Conseil de lecture : Les nouveaux serfs de l’économie de Yanis Varoufakis

Dans Les nouveaux serfs de l’économie, Yanis Varoufakis frappe fort. L’économiste grec, ancien ministre des Finances et figure controversée de la gauche radicale, affirme que nous avons quitté le capitalisme traditionnel pour entrer dans une nouvelle ère : celle du technoféodalisme.

Son constat ? Nous ne sommes plus vraiment propriétaires de nos entreprises. Nous opérons dans un univers où les plateformes numériques se comportent comme des seigneuries médiévales, contrôlant les flux économiques et dictant les règles du jeu.

Si vous êtes entrepreneur, freelance ou dirigeant d’une PME, ce livre va vous donner des sueurs froides… et quelques pistes pour repenser votre indépendance.

Le piège des plateformes : quand les PME deviennent des vassaux

Aujourd’hui, un entrepreneur ne se contente plus de vendre un produit ou un service. Il loue un espace sur Amazon, achète de la visibilité sur Google, communique via Facebook et LinkedIn, gère ses paiements via Stripe et signe ses contrats avec DocuSign.

Chaque interaction avec ses propres clients passe par un intermédiaire qui prélève une commission, impose ses règles et peut changer ses conditions du jour au lendemain.

💰 Le problème ? Cette dépendance a un prix élevé :

  • Vous payez pour exister. Sans publicité, votre visibilité disparaît.
  • Vous ne possédez plus vos clients. Ils appartiennent aux plateformes qui contrôlent l’accès à votre audience.
  • Vous êtes soumis aux algorithmes. Un changement dans l’algorithme de Google ou Facebook peut anéantir votre trafic en une nuit.
  • Vous louez plutôt que possédez. Fini le logiciel installé sur votre ordinateur : vous êtes abonnés à des services cloud qui peuvent vous couper l’accès à tout moment.

Varoufakis nous force à voir ce que nous préférons ignorer : nous avons troqué notre liberté d’entreprendre contre une dépendance totale à un petit nombre d’entreprises tentaculaires.

Technoféodalisme : un capitalisme sans capitalistes ?

Varoufakis va plus loin et propose une lecture radicale : nous ne sommes même plus dans du capitalisme classique.

Dans l’ancien modèle, le capitalisme fonctionnait avec un échange marchand : une entreprise produisait un bien ou un service et le vendait à un client en échange d’une somme d’argent.

Aujourd’hui, ce modèle a muté. Les grandes plateformes ne produisent plus rien elles-mêmes. Elles offrent un espace numérique (Google, Amazon, Facebook, Microsoft…) et captent la valeur créée par les utilisateurs.

🔹 Nous ne payons plus en argent, mais en dépendance.

🔹 Nous ne sommes plus des clients, mais des travailleurs non rémunérés.

Lorsque vous postez sur Instagram, que vous renseignez des données sur un CRM en SaaS ou que vous utilisez ChatGPT pour rédiger un texte, vous enrichissez une plateforme qui vous revend ensuite… votre propre travail sous forme de service payant.

C’est exactement ainsi que fonctionnait le féodalisme : les serfs travaillaient sur une terre qui ne leur appartenait pas, en échange d’un droit d’usage concédé par un seigneur.

Peut-on encore s’affranchir des GAFAM ?

Alors, sommes-nous condamnés à payer une dîme numérique éternelle ?

Varoufakis ne se contente pas d’un constat désespérant. Il esquisse des solutions, même si elles sont difficiles à mettre en place.

Reprendre le contrôle de ses outils

​👉 Héberger son propre site plutôt que d’utiliser des plateformes comme Shopify.

​👉 Privilégier des alternatives open source plutôt que des SaaS dépendant des GAFAM.

​👉 Sécuriser ses fichiers sur un cloud privé plutôt que sur Google Drive ou Dropbox.

Repenser la propriété des données

Les entrepreneurs doivent exiger des solutions qui leur permettent de posséder réellement leurs données et de ne pas être otages des plateformes.

Encourager des modèles alternatifs

Varoufakis propose de s’inspirer du mouvement coopératif et de concevoir des plateformes numériques partagées où les utilisateurs auraient un vrai pouvoir de décision.

C’est ambitieux, mais est-ce une utopie ? Pas forcément. On a bien réussi à créer Linux, un système d’exploitation open source qui équipe des millions de serveurs dans le monde…

Pourquoi lire ce livre ?

🔹 Si vous êtes entrepreneur, ce livre va changer votre vision du numérique et vous faire prendre conscience de votre dépendance aux plateformes.

🔹 Si vous travaillez dans le digital, il vous aidera à comprendre le pouvoir réel des algorithmes et des grandes entreprises technologiques.

🔹 Si vous êtes passionné d’économie, vous y trouverez une analyse percutante sur l’évolution du capitalisme et son avenir.

👉 Le capitalisme est-il en train de disparaître au profit d’un modèle encore plus verrouillé ?

👉 Peut-on encore inverser la tendance ou sommes-nous condamnés à être des vassaux numériques ?

À vous de juger.

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